Notre corps contient plusieurs millions de millions de cellules. Chacune d’elles possède un noyau dans lequel se trouvent nos 23 paires de chromosomes. Une double chaîne de molécules, en forme d’hélice, constitue chaque chromosome, c’est l’ADN. Un gène est un élément de cet ADN et il en existe près de 20 000 qui constituent notre patrimoine génétique. Chaque gène possède un rôle qui lui est propre dans le fonctionnement de nos cellules.
Nos cellules se divisent constamment, sont dupliquées, pour remplacer celles qui vieillissent et meurent. Mais parfois, cette division se fait mal. Une anomalie apparaît alors sur un gène, sa fonction est modifiée ou supprimée, c’est ce qu’on appelle une mutation génétique.
Des mutations génétiques se passent tous les jours, ce sont des accidents de gènes, et nous possédons les mécanismes pour les réparer, ou éliminer, le morceau de gène défectueux. Personne ne sait pourquoi mais un jour cette réparation peut mal se faire. Les mutations sont des phénomènes naturels, pas nécessairement néfastes. Les espèces ont évolué en relation avec ces modifications génétiques que l’on pense aléatoires.
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Nous venons au monde avec la moitié de nos gènes provenant de notre mère et l’autre moitié provenant de notre père. Un homme peut donc transmettre une mutation génétique.
Lorsqu’un gène défectueux est transmis, il est souvent masqué par le double venant de l’autre parent et se trouve alors inactif.
Par contre, les gènes qui nous préoccupent ici sont, eux, dits à caractère dominant et ne sont pas masqués par leur double. Ils exercent alors leur fonction de gène muté, une fonction modifiée.
Il ne peut y avoir de saut de génération et si une personne n’a pas hérité d’une mutation génétique, elle ne peut la transmettre.
Les premiers gènes dont les mutations interviennent dans l’apparition des cancers du sein et de l’ovaire, ont été découverts en 1994 et 1995, respectivement le BRCA1 sur le chromosome 17 (localisation sur l’ADN : 17q21) et le BRCA2 sur le chromosome 13 (localisation sur l’ADN : 13q12). Ce sont des gènes de grandes tailles qui rendent les recherches difficiles pour trouver une mutation non encore identifiée dans une famille.
BRCA est le diminutif anglais de BReast (sein) et CAncer.
Ces deux gènes participent normalement à la réparation de l’ADN et nous les possédons tous. Environ 1000 mutations différentes de ces gènes ont été répertoriées. A priori, chaque famille possède sa mutation génétique. Les mutations que nous connaissons surtout se sont produites il y a plusieurs centaines d’années sur les gènes BRCA1 et BRCA2.
D’autres gènes prédisposant au cancer du sein ont été découverts récemment comme BRIP1, FGFR2, TNRC9, MAP3K1, LSP1, CHEK2, PALB2 ou encore RECQL. Le risque de développer un cancer serait modéré par rapport aux précédents BRCAs mais les anomalies seraient plus répandues dans la population.
D’autres gènes associés à d’autres cancers, comme le gène P53 du syndrome de Li-Frauméni ou le PTEN pour le syndrome de Cowden, prédisposent également au cancer du sein ou de l’ovaire.
Le risque de développer ces cancers est toutefois nettement moins important que celui des BRCAs.
Environ 4 personnes sur 1000 dans la population générale et environ 5% des femmes atteintes d’un cancer du sein seraient concernées par une prédisposition génétique.
Certaines caractéristiques de formes de cancer du sein sont mises en évidence. Pour BRCA1, on retrouve plus fréquemment des tumeurs de petite taille (stade 1) mais agressif, de grade élevé (grade III), avec des récepteurs hormonaux et des récepteurs HER2 négatifs (dit cancer “triple négatif” qui ne permet pas de bénéficier des traitements “anti-hormones” ou par anticorps Herceptine). Une forme plus rare, le cancer du sein médullaire, est également plus répandu chez les porteuses de mutations BRCA1.
Pour BRCA1 comme pour BRCA2, les cancers du sein in situ surviennent plus précocément que dans la population générale.
Il n’y a pas de différence de survie après un cancer du sein suivant que l’on ait une mutation BRCA ou pas.
Concernant le cancer des annexes, le type séreux et les tumeurs de grade 3 sont plus fréquents.
La survie globale après un cancer des annexes pour les porteuses de mutations BRCA1 ou 2, et la survie sans progression pour BRCA2, sont meilleures par rapport aux cancers des ovaires dans la population générale.